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Essais
By 19 avril 2022 No Comments

Cela fait maintenant 6 mois que je suis à la recherche DU t-shirt parfait. Celui non seulement en cohérence avec mes valeurs –la transparence et l’éthique, mais aussi à la coupe unisexe,
dans un beau coton au minimum bio (idéalement recyclé) de qualité. Bref : mon t-shirt rêvé.
Alors j’ai cherché. Et je ne pensais pas que ça m’emmènerait aussi loin, combien de portes se sont ouvertes, combien de rencontres j’allais faire.
Un vrai petit voyage initiatique au sein de l’inconnu, moi Marthe, dans ma petite bulle allais être bien chamboulée.

Dès le début, c’était assez clair dans ma tête : n’ayant aucune connaissance de la technique de la maille, par souci d’économie et pour faire simple et efficace, j’allais me mettre à la recherche d’un fournisseur. C’est-à-dire un revendeur de vêtements à qui je viendrais acheter du stock, le peindre, puis le revendre. Le principe de l’achat-valorisation-revente en somme.
Mais alors que choisir ? Quels engagements ? Des certifications oui, mais lesquelles, et pourquoi ?
Plus j’avançais dans mes recherches, plus la problématique finale fut la suivante : Que privilégier : la transparence ou le pays de fabrication ?

Non parce que soyons sincères, j’adorerais pouvoir vous proposer un t-shirt fabriqué en France, au coton bio certifié x1000, pour 20€, mais c’est tout simplement impossible.
Principalement parce que la main-d’œuvre en France coûte cher.
Quoi que…

Tût tûût parenthèse importante
Deux informations indispensables à retenir :

  • Le coton est majoritairement cultivé en Asie (Inde, Chine, Bangladesh), et très peu en Europe (Turquie), tout simplement car le coton ne pousse pas dans nos contrées (on misera dans ce cas plus sur le lin ou le chanvre). Ainsi, qu’il soit fait en Europe ou au Népal, le cycle de fabrication d’un t-shirt passera forcément par quelques milliers de kilomètres de notre pays.
  • Il existe même en France, à Paris, ces fameux Sweatshops, ces usines-ateliers de l’enfer souvent pointés du doigt en Asie, employant à très bas coûts des ouvriers majoritairement sans-papiers, en situation précaire, sans contrat de travail et payés au lance-pierre. C’est la réalité, aussi triste soit-elle.

Après cette petite entracte, retournons à l’option « Made in Europe » d’un t-shirt. J’ai trouvé des ateliers certifiants travailler avec un coton bio GOTS ou OEKO-TEX. Super ! Mais quand vient ma demande de certification du bien-être des salariés et de l’origine de culture/égrenage/tissage du coton, soit je suis face à un porte close, soit mes interlocuteurs sont incapables de me répondre. Et sur ce dernier point, je peux les comprendre : c’est extrêmement difficile de tracer un produit fini ou un tissu aujourd’hui. Parce que souvent il passe par 3000 mains, fait 35000 km avant de se retrouver dans nos placards. Alors j’entends, mais je persévère.

Et c’est là que ça coince. Parce qu’au final, plus je cherche, plus je me rends compte à quel point la transparence m’est importante. Parce que j’ai besoin d’être (r)assurée de la fiabilité de mon futur produit. Au final, c’est ça qui compte non ? Que je puisse vous fournir le plus d’informations possibles sur le t-shirt, pour que vous puissiez choisir en toute conscience si vous voulez l’acheter ou non. Parce que « Créations Conscientes » sur mon site, c’est pas juste pour faire joli (ou du Greenwashing) : c’est une vraie valeur à laquelle je tiens dur comme fer. Parce que si vous me suivez depuis un certain temps, vous mêmes savez à quel point c’est important pour moi, à quel point je vous dis tout, autant dans mes réflexions que dans mes actions.

Pile dans le mille !

Et puis, au détour d’une énième page de recherche, je suis tombée sur mon coup de cœur. Tu vois dans les films quand ça passe en slow motion avec une musique kitschoune ? Bah voilà. Je trouve LE t-shirt. Autant dans la coupe parfaitement parfaite à mes yeux, à savoir : oversize, col montant, manches basses, longueur idéale, et surtout unisexe. Un critère important puisque depuis le début j’essaie de vous proposer un maximum de pièces non-genrées, moi-même m’habillant autant chez l’homme que la femme, ça allait de soit. Autant que dans ses certifications :
OEKO-TEX, PETA, GRS, et FAIR WEAR (j’explique ces labels ici !). Le Graal quoi.

Et puis je regarde le pays de fabrication, et sans vous le cacher : c’était la douche froide. Déjà parce qu’il a été compliqué à trouver sur le site (les gars… C’est pas cool !),
et puis surtout que je vois écris « Proudly made in Bangladesh ». Ok. Respirer un grand coup.
ET PUIS LA. Ca a été la position latérale de sécurité pendant 4 jours. Littéralement, ça m’a complètement renversée. Comment un pays si critiqué, si pointé du doigt pour ses conditions de travail (souvenons-nous de l’effondrement du Rana Plaza en 2013), comment un t-shirt fabriqué là-bas peut-il être encore plus certifié, plus clean et plus transparent qu’un t-shirt Made in France ?
Alors, je me renseigne sur le fournisseur officiel de ce t-shirt. Pas le revendeur, l’usine qui fabrique les pièces là-bas. Et ça a complètement changé le regard que j’ai sur ce pays depuis. J’étais tellement intriguée, tellement assommée qu’il fallait que j’aille au bout de mon interrogation. Pourquoi, comment, où, par qui ?

Ce fournisseur, c’est Stanley / Stella. Vous avez certainement eu une de leur pièces entre les mains, c’est un énorme fournisseur en Europe, on retrouve leurs produits un peu partout. Ok, ça déjà, c’est intéressant. Aller voir les créateurs qui travaillent avec cette boîte pour en savoir plus. Par chance, une créatrice voisine en vend, je fonce avec ma Ricoré lui poser mille questions sur la qualité de leurs produits, et c’est une agréable surprise : elle m’affirme de la transparence totale et de la bienveillance de la marque envers ses ouvriers, qu’elle est régulièrement auditée, qu’elle est engagée socialement et écologiquement, paie mieux ses salariés que le smic local, ils ont un contrat de travail, un syndicat, une garde d’enfants interne, des congés, des primes, une couverture médicale…
Et puis j’en profite pour toucher, tester les t-shirts, en effet rien à dire : les finitions sont parfaites, le coton est d’une super qualité, la créatrice m’assure qu’en 4 ans d’utilisation, ses propres t-shirts n’ont jamais bougé ni bouloché, pas de déteinte, rien à déclarer, ils sont top. Ce qui a été confirmé par d’autres boutiques que je suis allée questionner.

Bon et puis, en effet, la transparence du bail quoi… Non mais parlons-en, ils sont ultra open sur leurs production, du lieu de culture du coton bio, à l’égrenage, au tissage, confection, jusqu’à analyser le cycle de vie de leur t-shirts pour avoir les chiffres de consommation d’énergie et d’émission de CO2, limite si je ne connais pas le nom de l’ouvrière qui a dépoussiéré mon coton. Super clean en somme. Ils ont fini de me convaincre au moment où ils expliquent comment il recyclent leurs coton : toutes leurs chutes de production sont récupérées pour être déchiquetées, puis les fibres sont torsadées pour créer un nouveau fil qui tissera un nouveau tissu . Hello circularité, limitation de déchets, économie sur l’eau, l’énergie, et j’en passe.

Ca tombe bien, le t-shirt que j’ai en vue est fait à 50 % de coton biologique recyclé provenant de déchets de coupe et à 50 % de coton biologique vierge non teint

Alors certes, le t-shirt est crée au Bangladesh, à plusieurs milliers de kilomètres de nous. Mais lorsqu’on sait que de toutes façons, le coton est cultivé aussi loin, ici il ne sort pas de la région entre la culture et la confection, les certificats sont béton contrairement aux ateliers européens.
C’est pour moi la meilleure solution que j’ai pu trouver à ce jour. Une entreprise saine, humaine, respectueuse de l’environnement et de ses salariés, certes loin, mais de loin la plus transparente jamais vue encore.

Suite à mon post Instagram, j’ai bien entendu votre choix, et je sais que comme moi, vous privilégiez la transparence et le prix. Ici j’ai les deux : un boîte clean, et un prix accessible (compter moins de 50€ par t-shirt après valorisation).
Je ne m’arrête pas pour autant là dans mes recherches.
Toujours suite à ce post, la créatrice d’une super marque m’a contactée pour me proposer ses propres modèles de t-shirts confectionnées à côté de Paris ! J’attends qu’elle me réponde au sujet de l’origine de son coton, et pourquoi pas aller faire un tour dans l’atelier pour voir comment ça se passe ?

Affaire à suivre…

 

Update au 20.04.2022

Ca y est, les t-shirts sont arrivés ! J’ai commandé 40 pièces, du XS au XL, pour commencer je me suis dit ça serait pas mal (et puis comme ça, si je trouve plus local, ça me permettra de switcher plus rapidement). Et alors je suis CONTENT !
La coupe est fidèle à la fiche produit (qui elle-même était très complète), bien oversize comme j’aime, et la qualité est vraiment au rendez-vous ! On est sur un t-shirt épais (200GSM si ça vous parle, c’est pas du t-shirt transparent qui va boulocher quoi), les finitions sont top.
J’ai fait un premier test peinture hier – à la technique du Shibori pour rester fidèle à la DA de la collection The Pool, et ça rend vraiment super bien !

Après calcul du prix de revient (coût du produit, peinture, temps de valorisation, charges, etc) à 16,80€, je peux le vendre à 48€, ce qui me fait une marge de 2,85. Ce n’est pas énorme (rappelons que j’ai un loyer et des charges fixes à payer, sans compter mon salaire), mais je préfère moins marger pour vous proposer un t-shirt plus accessible que mes créations, et ainsi vous permettre de porter du Marthe Duval quel que soit votre porte-monnaie !

Hâte de vous dévoiler tout ça 🙂

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